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Stabilité politique & développement

Un arbre ne pousse pas sur une terre qui tremble

Un arbre ne pousse pas sur une terre qui tremble

La réflexion percutante de Codjo Gbêho sur l’urgence de la stabilité politique en Afrique

« Un arbre peut-il pousser là où la terre tremble chaque jour ? »

Cette interrogation, empruntée à l’écrivain nigérian Chinua Achebe, résonne comme une sentence dans le débat sur la stabilité politique et le développement en Afrique.

Un jour, dans un amphithéâtre d’Afrique de l’Ouest, un enseignant lança une question à ses étudiants en science politique :

« Entre la stabilité politique et le développement, que choisiriez-vous ? »

Silence. Puis deux voix s’élevèrent : l’une pour dire que cette stabilité n’existe pas, l’autre pour affirmer que le développement non plus. Un constat amer, mais compréhensible dans bien des contextes africains.

Pourtant, le professeur tranche : « Vous avez tort. Tous. »

Et il n’a pas tort. Car l’histoire montre clairement que la stabilité politique est le socle fondamental de tout développement durable. Là où règnent l’instabilité, les tensions, les crises institutionnelles, aucun projet de long terme ne peut s’enraciner. Aucun rêve collectif ne peut aboutir. Aucun avenir ne peut se construire.

La révolution silencieuse : clé de la stabilité

Pour atteindre cette stabilité politique, il ne suffit pas d’imposer l’ordre par la force. Il faut une révolution mentale, intellectuelle et idéologique. Il faut assainir le jeu politique, refonder le contrat social, et surtout, faire rêver les citoyens. C’est le choix qu’ont fait plusieurs nations.

La Chine, avec la chute de la dynastie Qing en 1911, a enclenché cette dynamique qui allait changer son destin. Le Ghana, voisin et frère, a su capitaliser sur des institutions solides et une démocratie apaisée. Les résultats sont visibles. À l’inverse, les nations qui repoussent indéfiniment cette transformation paient le prix fort de l’immobilisme et du chaos.

Le cas béninois : une trajectoire assumée

Au Bénin, des efforts importants ont été faits pour ancrer la stabilité. Le président Patrice Talon, à travers des réformes structurelles parfois décriées mais cohérentes, a contribué à baliser un terrain plus sûr pour l’avenir. La démocratie béninoise, jadis fragile, s’est consolidée. Les institutions tiennent. La croissance est au rendez-vous. L’environnement des affaires s’améliore.

Les générations futures n’auront pas à tout recommencer. Elles hériteront d’une base solide, et cela est déjà une victoire en soi. Il reste évidemment des défis, mais la trajectoire est là : celle d’un pays qui a compris qu’il n’y a pas de progrès dans le vacarme du désordre.

La stabilité n’est pas un luxe, c’est une nécessité

La stabilité politique n’est pas une option ni une utopie. Elle est la condition sine qua non de la croissance économique, du progrès social et de l’épanouissement culturel. Sans elle, tout s’effondre. Hanna Sytnyk l’a bien résumé : « la prospérité et la stabilité économique contribuent à un environnement sûr et dénué d’insécurité, facteur d’attractivité du terrorisme sous ses diverses formes. »

En clair : là où l’État chancelle, la misère s’installe, les extrémismes prospèrent, les élites fuient et la jeunesse s’éteint.

Choisir le cap de la maturité

Alors oui, les deux étudiants du début avaient tort. Le développement sans stabilité est un mirage. Et la stabilité sans volonté collective est une illusion. À nous de choisir ce que nous voulons : des conflits à répétition, des institutions brinquebalantes, ou un pays stable où chaque citoyen peut rêver, bâtir et transmettre.

Car au fond, aucune nation ne peut espérer grandir durablement si elle n’est pas d’abord solidement enracinée.

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