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Travail précaire sur les chantiers publics au Bénin

Quand les chantiers deviennent des pièges pour les jeunes sans emploi

Quand les chantiers deviennent des pièges pour les jeunes sans emploi

Alors que les chantiers se multiplient au Bénin grâce à l’ambitieux programme du président Patrice Talon, de nombreux jeunes, recrutés sans contrat ni garantie, subissent de graves abus de la part d’entrepreneurs peu scrupuleux. Ces pratiques vont à l’encontre des engagements du gouvernement en matière de promotion de l’emploi décent et appellent à une réaction urgente des autorités.

Les vastes travaux d’infrastructures lancés à travers le Bénin symbolisent une ère de modernisation et de transformation sous l’impulsion du Président Patrice Talon. Mais dans l’ombre de cette dynamique se cache une réalité bien plus sombre : des centaines de jeunes béninois sans emploi sont exploités sur ces chantiers, sans contrat de travail, sans protection, et parfois sans même la certitude d’être payés à temps.

Recrutés à la hâte, souvent à travers des annonces informelles ou de simples appels de bouche à oreille, ces jeunes hommes comme femmes intègrent les chantiers dans l’espoir d’un revenu. Mais très vite, l’illusion s’effondre. Aucun contrat signé, aucune couverture sociale, des conditions de travail dures et illégales : pour beaucoup, l'expérience tourne au cauchemar.

Certains entrepreneurs imposent aux ouvriers une charge de travail excessive dépassant la limite légale de 40 heures par semaine, tout en exigeant des pièces personnelles comme la carte d’identité, l’acte de naissance ou l’Identifiant Fiscal Unique (IFU), avant même toute rémunération. Pire encore, le versement du salaire, parfois promis mensuellement, finit par être conditionné à des paiements trimestriels, voire repoussés sans raison.

Cela se produit pourtant dans un contexte où le gouvernement béninois a lancé le Programme Cadre de l’Emploi des Jeunes (2020-2025), avec un budget de 6 milliards de francs CFA, censé améliorer l’employabilité et réduire la précarité. Un paradoxe qui soulève des interrogations.

Dans les faits, seuls quelques rares jeunes parviennent à obtenir un contrat écrit. Pour les autres, l’absence de droits expose à l’arbitraire : licenciements abusifs, absence d’indemnités, travail sous pression… le tout en totale contradiction avec le Code du travail béninois.

La situation interpelle. Comment expliquer qu’autant de jeunes puissent être employés sans cadre légal clair sur des projets financés par l’État ? Comment tolérer que des entrepreneurs imposent des règles contraires à la législation en toute impunité ?

Il est temps que le Ministère du Travail, en collaboration avec les inspections du travail, se saisisse de ce dossier. Des enquêtes doivent être menées sur les sites de Cotonou et des autres villes où les chantiers prolifèrent. Le respect des droits des travailleurs, surtout les plus vulnérables, doit redevenir une priorité.

Ces jeunes ne demandent pas la charité, mais un emploi digne, avec des conditions humaines, des droits respectés, et un salaire juste. À l’heure où le Bénin veut projeter une image moderne et responsable, il ne peut se permettre de fermer les yeux sur de telles pratiques.

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