Alors que le Bénin s’apprête à vivre une triple élection inédite en 2026, la justice réparatrice apparaît comme un outil capital pour désamorcer les tensions, prévenir les crises et consolider la paix sociale. Une démarche participative et inclusive s’impose pour éviter que la démocratie ne devienne un terrain de fractures.
Une justice qui panse les blessures
À l’approche des élections générales de 2026 présidentielle, législative et communale, le Bénin entre dans une phase cruciale de son histoire démocratique. Ce rendez-vous électoral unique expose le pays à des risques accrus de tensions sociales, politiques et communautaires. Face à ces enjeux, une solution s’impose : la justice réparatrice.
Contrairement à la logique punitive fondée sur la sanction, la justice réparatrice mise sur le dialogue, la reconnaissance des préjudices, la réparation des torts et la restauration des liens sociaux. Elle vise la réconciliation durable, non seulement entre les citoyens, mais aussi entre les populations et les institutions.
Des institutions au cœur du processus
Dans ce contexte sensible, plusieurs acteurs institutionnels doivent jouer un rôle central. En tête de file, le Médiateur de la République, garant du dialogue entre l’État et les citoyens, est appelé à prévenir les frustrations et à désamorcer les conflits naissants.
De son côté, la Commission béninoise des droits de l’homme (CBDH), récemment réorganisée, doit assumer une mission de vigilance et d’accompagnement, en documentant les violations et en soutenant les victimes.
Une triple élection, un triple défi
Jamais le Bénin n’a organisé simultanément les trois scrutins majeurs de sa vie politique. Cette nouveauté institutionnelle est à la fois porteuse d'espoir démocratique et génératrice d'inquiétudes : montée des discours haineux, méfiance vis-à-vis des institutions, polarisation politique et tensions communautaires. Dans un tel climat, l’appel à la justice réparatrice n’est plus une option, mais une nécessité.
Société civile, autorités coutumières : des relais incontournables
Pour réussir ce pari, une synergie est indispensable. Les juges, les préfets, les chefs d’arrondissement doivent être formés aux mécanismes alternatifs de gestion des conflits. Les chefs religieux et traditionnels, forts de leur autorité morale, peuvent faciliter le dialogue communautaire et prévenir les escalades.
Les organisations de la société civile, quant à elles, doivent intensifier leurs actions de sensibilisation, vulgariser les outils de médiation communautaire et jouer leur rôle de pont entre les institutions et les citoyens.
Gouverner autrement, gouverner avec justice
La justice réparatrice n’est pas un luxe, mais une exigence de bonne gouvernance. Elle appelle un changement profond de posture de la part des autorités. Il s’agit notamment de :
- - Créer des cadres inclusifs de médiation électorale réunissant partis, institutions et acteurs locaux ;
- - Former les décideurs territoriaux aux pratiques de résolution non violente des conflits ;
- - Mettre en place des cellules d’alerte et de paix citoyenne pour agir avant que la crise n’éclate.
Construire la paix dès maintenant
Comme le soulignait Nelson Mandela : « Une justice différée est une justice refusée. » Le Bénin a une opportunité historique de montrer que démocratie peut rimer avec responsabilité, et que le dialogue reste l’arme la plus puissante contre la division.
La paix sociale ne se décrète pas. Elle se construit. Par l’écoute, la réparation, la réconciliation. Et surtout, par l’action immédiate.
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