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Icône planétaire, fierté nationale

Angélique Kidjo : pourquoi attendre sa mort pour l’honorer au Bénin ?

Angélique Kidjo : pourquoi attendre sa mort pour l’honorer au Bénin ?

Première chanteuse africaine à recevoir une étoile sur le prestigieux Walk of Fame d’Hollywood, Angélique Kidjo continue de hisser haut les couleurs du Bénin à travers le monde. Mais pendant que la planète lui déroule le tapis rouge, son pays natal tarde encore à lui rendre l’hommage qu’elle mérite. Faut-il attendre sa disparition pour enfin l’immortaliser ?

Une étoile béninoise qui brille sur le monde

C’est officiel : Angélique Kidjo, immense voix de l’Afrique et ambassadrice du Bénin dans le monde, sera honorée en 2026 sur le mythique Walk of Fame à Hollywood. Une première pour une artiste africaine dans le domaine musical. L’annonce a été faite par la Chambre de commerce d’Hollywood le 3 juillet dernier, consacrant la diva béninoise parmi les figures majeures de la scène artistique mondiale.

Une distinction saluée par le président Patrice Talon :

« Cette reconnaissance historique est le fruit de son talent remarquable et de son travail acharné. Elle fait honneur au Bénin tout entier. »

Mais au-delà des discours, que faisons-nous concrètement, ici au Bénin, pour honorer Angélique Kidjo de son vivant ?

Une carrière hors normes, un palmarès impressionnant

Née le 14 juillet 1960 à Ouidah, Angélique Kidjo a grandi dans une famille baignée d’art. Très tôt, elle fait ses premiers pas sur scène avec la troupe de sa mère, chorégraphe. Après un début prometteur avec l’album Pretty en 1981, elle s’exile à Paris en 1983 face à l’instabilité politique au Bénin. C’est là que sa carrière prend son envol, avant d’atteindre des sommets internationaux.

Sa discographie impressionne : de Logozo à Mother Nature, en passant par Djin Djin ou Celia, chacun de ses albums est une exploration riche en influences afrobeat, funk, jazz, musique latine… Elle chante en fon, français, anglais, yoruba, mina… et collabore avec les plus grands artistes du monde.

Angélique Kidjo, c’est aussi cinq Grammy Awards, un Polar Music Prize en 2023, des tournées mondiales, des salles combles, et une reconnaissance unanime dans l’industrie musicale.

Une artiste engagée, une femme de cœur

Ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF depuis 2002, elle fonde en 2006 la Fondation Batonga pour soutenir l’éducation des jeunes filles en Afrique. Son engagement humanitaire est profond, sincère, et constant. 

Toujours modeste, elle confie à l’AFP après l’annonce du Walk of Fame : 

« Je suis certes la première chanteuse africaine à recevoir cette étoile, mais je suis persuadée que je ne serai pas la dernière. Beaucoup d'autres suivront, et cela emplit mon cœur de joie. »

Et au Bénin ? Le silence assourdissant

Pendant que le monde célèbre cette légende vivante, le Bénin, son pays natal, reste étrangement silencieux. Aucune statue, aucune avenue à son nom, aucune salle de concert dédiée… Rien qui soit à la hauteur de son parcours exceptionnel. Pourquoi cette indifférence ? Attend-on qu’elle nous quitte pour commencer à l’honorer comme elle le mérite ?

Un devoir de reconnaissance nationale

Angélique Kidjo incarne l’excellence béninoise à l’échelle mondiale. Comme le fait l’acteur Djimon Hounsou dans l’univers cinématographique, elle élève l’image du Bénin dans l’imaginaire mondial. Elle est une source d’inspiration pour des générations entières, et mérite que son pays l’élève au rang de patrimoine vivant.

Pourquoi ne pas nommer une rue, une école de musique, un prix national, ou même un festival en son nom ?

Pourquoi ne pas ériger une statue à Cotonou ou à Ouidah, pour graver à jamais son empreinte dans le paysage béninois ?

Une étoile pour éveiller les consciences

Créé en 1960 pour revitaliser le quartier hollywoodien, le Walk of Fame est plus qu’un simple trottoir. C’est une institution qui consacre ceux dont l’impact artistique a traversé les époques. En 2026, Angélique Kidjo rejoindra une élite planétaire, aux côtés de légendes du cinéma, de la musique, de la télévision…

Le Bénin, lui, doit cesser d’attendre. Il est temps d’agir. Car les étoiles ne brillent pas toujours éternellement.

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