En dépit des multiples efforts gouvernementaux et des campagnes de sensibilisation, la maltraitance des enfants persiste au Bénin. Chaque jour, des fillettes placées, appelées vidomègons, subissent violences et exploitation dans les marchés et les transports en commun. Une réalité alarmante que les récentes descentes ministérielles tentent encore de corriger.
Elles ont à peine 10 ans, parfois moins, et pourtant elles portent déjà le poids du monde sur leurs frêles épaules. Au Bénin, la maltraitance des enfants continue de sévir dans un silence assourdissant, malgré les campagnes de lutte menées par les autorités. Preuve de cette persistance : chaque jour, des fillettes vidomègons sont acheminées vers les marchés, notamment celui de Dantokpa, entassées entre les jambes de leurs tutrices dans des minibus surnommés Tokpa-Tokpa.
Ces enfants, dont le prix de transport n’est souvent même pas réglé, voyagent au sol, parfois endormies d’épuisement. Un sommeil bref et brutalement interrompu par des cris, des secousses, et trop souvent, des gifles. Ces scènes, bien que choquantes, sont devenues banales dans les gares routières de Porto-Novo, Missérété ou encore Bohicon.
Mais le calvaire ne s'arrête pas au trajet. Une fois dans les marchés, les fillettes doivent porter de lourdes charges, parcourir de longues distances sous un soleil de plomb ou sous la pluie battante, tout en criant les noms de leurs marchandises. Leur quotidien n’est que fatigue, peur et soumission.
Conscients de cette réalité, les pouvoirs publics multiplient les actions de terrain. Le jeudi 3 avril 2025, une mission gouvernementale conduite par la ministre du Travail, Adidjatou Mathys, accompagnée de ses homologues des Affaires Sociales Véronique Tognifodé, de la Ministre Conseillère Mariam Djaouga Sacca, et du Représentant Résident de l’UNICEF au Bénin, s’est rendue au marché Houndjro à Abomey et à la gare routière de Bohicon.
Sur place, les membres de la délégation ont appelé les commerçants, parents et usagers à retirer les enfants des circuits économiques. Leur mot d’ordre est clair : priorité à la scolarisation, à la protection et à l’épanouissement des enfants. Le département du Zou, où le taux de travail des enfants s’élève à 22,5 %, reste l’un des foyers majeurs de cette pratique, bien au-dessus de la moyenne nationale de 19,9 %.
« Le travail des enfants est un fléau qui exige détermination, synergie et partage d’expériences », a martelé la ministre Mathys, appelant les familles à libérer les enfants des fardeaux qui les étouffent. Elle insiste : « Nos enfants doivent avoir la chance d’aller à l’école et d’acquérir les compétences nécessaires pour construire leur avenir. »
Des progrès sont certes enregistrés, notamment une baisse notable du taux d’enfants au travail, passé de 52,5 % en 2014 à 19,9 % en 2021. Mais tant que ces scènes insoutenables continueront dans nos marchés et nos gares, le combat ne pourra être déclaré gagné.
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