Au Bénin, donner un prénom à un enfant n’est jamais un acte anodin. Derrière chaque nom se cache une histoire, un espoir, une croyance ou encore une mémoire familiale. Entre traditions ancestrales, influences religieuses et réalités contemporaines, le choix des prénoms façonne dès la naissance l’identité de tout un individu.
Un prénom n’est jamais le fruit du hasard. Il porte en lui le poids de l’histoire, des circonstances, des attentes parentales et d’un ancrage culturel profond. Au Bénin, comme dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, le prénom d’un enfant reflète souvent une destinée, une valeur ou une épreuve vécue par la famille. Il est autant un symbole d’identité qu’un repère spirituel ou social.
Une tradition vivace et plurielle
Dans les communautés béninoises, le choix du prénom est un moment sacré. Il s’appuie sur des traditions bien ancrées, où la culture endogène occupe une place de choix. Les prénoms issus des langues locales – fon, yoruba, mina, dendi, bariba, etc. – sont privilégiés pour leur charge symbolique. Ils peuvent évoquer la joie, la douleur, la résilience, ou encore une promesse d’avenir. Par exemple, un enfant né après de nombreuses fausses couches pourrait être nommé “Ayaba” (la bienvenue, en fon), pour signifier l’espoir renouvelé.
L’influence du jour de naissance
Une coutume encore largement respectée consiste à attribuer un prénom en fonction du jour de la semaine où l’enfant voit le jour. Cette tradition, héritée de l’Empire Ashanti (1701–1957) et profondément ancrée dans les peuples Akan, est toujours présente au Bénin, au Togo et au Ghana. Ainsi, chaque jour correspond à un prénom spécifique, tant pour les filles que pour les garçons. Ce système donne un premier prénom “spirituel” ou “identitaire”, souvent complété par un ou deux autres prénoms.
Religion, histoire et contexte : autant de sources d’inspiration
Au-delà des traditions, les prénoms peuvent également refléter la foi des parents. Chrétien, musulman, ou issu du panthéon vaudou, chaque prénom porte une vibration spirituelle. Certains enfants portent ainsi des prénoms bibliques ou coraniques, aux côtés d’un prénom endogène. D’autres reçoivent un prénom commémoratif, en mémoire d’un parent disparu ou d’un événement historique important.
Dans certains cas, la conjoncture sociale ou politique influence le choix. Un enfant né à la suite d’un événement national majeur pourrait porter un prénom comme “Victoire” ou “Paix”.
Une liberté encadrée par la loi
La législation béninoise encadre toutefois ce moment intime. Si les parents sont libres de choisir autant de prénoms qu’ils le souhaitent, ceux-ci ne doivent en aucun cas être injurieux, humiliants ou provocateurs. L’attribution officielle se fait lors de la déclaration de naissance à l’état civil. C’est à ce moment que l’enfant acquiert pleinement son identité légale : nom, prénoms, sexe, date et lieu de naissance, nationalité.
Un reflet de l’identité collective
Chaque prénom est ainsi bien plus qu’une simple appellation : il est le reflet d’un vécu, d’une appartenance et d’un héritage. Il accompagne l’enfant tout au long de sa vie, dans ses relations, ses démarches administratives et parfois même dans sa destinée.
Qu’il soit traditionnel, religieux, moderne ou symbolique, le prénom raconte toujours une histoire. Celle d’une famille, d’un peuple, ou d’un moment. Et au Bénin, cette histoire commence dès le premier cri.
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