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Jeunesse, pouvoir et illusions

La politique ou rien ?

La politique ou rien ?

De plus en plus de jeunes Béninois rêvent de réussir uniquement par la politique, quitte à délaisser leurs métiers, flatter les leaders ou travestir la vérité. Cette dérive, nourrie par une perception erronée de l'engagement politique, interroge sur l'avenir d’une génération qui confond militantisme et ascenseur social.

Dans les rues de Cotonou, Porto-Novo ou Parakou, ils sont nombreux, ces jeunes qui n’aspirent plus à construire leur avenir par l’apprentissage d’un métier ou l’entrepreneuriat. Leur seul crédo : entrer dans un parti politique, gagner la confiance d’un leader et espérer une nomination. Pour eux, la politique est devenue le raccourci vers la réussite.

Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il prend aujourd’hui des proportions inquiétantes. Des jeunes, souvent instruits, renoncent à leurs ambitions professionnelles, abandonnent l’artisanat, désertent les champs, les écoles de formation ou les marchés pour courir derrière des responsables politiques. Leur stratégie : se rendre indispensables, flatter, mentir, dénigrer les adversaires de leur “mentor”, quitte à perdre toute boussole morale.

“On voit des jeunes qui n’ont jamais payé un loyer ou dirigé un groupe de dix personnes prétendre pouvoir gérer des ministères ou devenir maires”, s'indigne un professeur d’université à Abomey-Calavi. “Ils n’ont ni la patience de se construire, ni le goût de l’effort. Leur modèle, ce sont ceux qui, du jour au lendemain, sont devenus riches grâce à une proximité politique.” 

Cette mentalité entretient un cercle vicieux. Les leaders politiques, eux-mêmes conscients de cette fascination, se retrouvent parfois à entretenir cette armée de courtisans sans projet, qui deviennent vite des boulets sans valeur ajoutée pour leurs structures. Résultat : désillusion, trahisons, exclusions.

Pourtant, des modèles positifs existent. De jeunes Béninois réussissent dans le numérique, l’agroalimentaire, la culture ou l’artisanat, parfois loin des projecteurs politiques. Mais ces exemples sont trop souvent éclipsés par le bruit des slogans partisans.

Redonner à la politique son vrai sens celui du service public et non du profit personnel est un chantier urgent. Et il commence par l’éducation, la valorisation du travail, et la mise en avant des parcours inspirants hors du monde politique.

Car, non, la politique n’est pas le seul chemin vers la réussite. Et encore moins le plus sûr.

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