Face à la modernisation accélérée du Bénin, plusieurs métiers artisanaux jadis incontournables sont en voie de disparition. Forgerons, cordonniers et bijoutiers traditionnels voient leur savoir-faire mis à mal par l’industrialisation, la mondialisation et le désintérêt croissant des jeunes. Plongée dans un univers en déclin, mais riche d’héritage.
Artisanat en péril : l’effacement silencieux des métiers d’antan au Bénin
Autrefois très présents dans les quartiers populaires et sur les abords des routes du Bénin, les forgerons, cordonniers et bijoutiers traditionnels se font aujourd’hui rares. L’évolution des modes de vie et l’essor de la consommation de masse changent profondément les habitudes, au point de reléguer ces métiers au rang de vestiges du passé.
Le cordonnier, toujours là… mais différemment
La profession de cordonnier est l’une des plus touchées par cette transformation. Jadis essentiel pour prolonger la vie des chaussures, le cordonnier béninois subit de plein fouet la concurrence des produits importés. Les chaussures venues d’Asie, bon marché et facilement accessibles, ont remplacé le recours à la réparation. Acheter du neuf est devenu plus économique ou du moins plus pratique que réparer.
Par ailleurs, les jeunes générations se détournent de ce métier jugé difficile, salissant, peu gratifiant et mal rémunéré. Le manque de formations spécialisées n’aide pas à en susciter l’intérêt. Même les rares ateliers de « cordonnerie rapide » ne permettent que des réparations simples, sans offrir la qualité artisanale d’antan. Résultat : le métier s’éteint lentement, dans une indifférence presque générale.
Le forgeron : un artisan menacé mais encore debout
Le métier de forgeron connaît un sort similaire. La baisse de la demande en outils agricoles traditionnels, remplacés par des produits manufacturés ou importés, affaiblit la viabilité économique de cette profession. Le forgeron souffre également d’une image négative : celle d’un métier éprouvant physiquement, salissant, et peu valorisant socialement.
La transmission du savoir, autrefois assurée de père en fils, est aujourd’hui menacée par le manque d’apprentis. Pourtant, dans certaines régions, quelques forgerons continuent de travailler le fer pour fabriquer ou réparer des objets usuels, souvent à destination des campagnes. Ils résistent tant bien que mal, accrochés à un métier chargé de symboles.
Les bijoutiers traditionnels : entre résistance et adaptation
Moins visibles mais toujours actifs, les bijoutiers traditionnels doivent eux aussi faire face à un marché bouleversé. Les bijoux artisanaux en métal, cuir, bronze, bois ou vannerie luttent contre la concurrence des produits industriels, souvent moins chers et imités sans scrupule. La contrefaçon affecte leur réputation et réduit la valeur de leurs créations.
Cependant, certains artisans réussissent à s’adapter. Ils intègrent de nouveaux matériaux, revisitent les styles, répondent à des goûts contemporains ou s’adressent aux touristes en quête d’authenticité. À Cotonou, Adjarra ou Porto-Novo, les quartiers artisanaux abritent encore ces artistes discrets qui perpétuent une part de l'identité culturelle béninoise.
Une richesse patrimoniale en danger
La disparition progressive de ces métiers n’est pas anodine. Elle représente la perte d’un savoir-faire, d’une mémoire collective et d’un pan de l’économie locale. Le secteur artisanal béninois compte plus de 300 métiers distincts, dont la poterie, la vannerie, la sculpture sur bois, ou encore la fabrication d’instruments traditionnels comme le djembé.
Préserver cet héritage, c’est valoriser la richesse culturelle du Bénin et redonner aux jeunes le goût du travail manuel, en l’inscrivant dans les dynamiques de formation, de modernisation et de promotion à l’international.
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