Au Bénin, les enfants nés hors mariage ont, en théorie, les mêmes droits que les autres lorsqu’un père décède. Mais entre textes de loi et réalités familiales, le chemin vers la justice reste semé d'embûches. Focus sur une situation souvent douloureuse, mais encadrée par le Code des personnes et de la famille.
Quand un père décède au Bénin, une question sensible ressurgit souvent : qu’advient-il des enfants qu’il a eus hors mariage ? Sont-ils considérés comme des héritiers à part entière ? La loi répond clairement, mais la société, elle, peine encore à suivre.
Adopté en 2004, le Code des personnes et de la famille, notamment son article 758, établit que tous les enfants reconnus, qu’ils soient nés dans le mariage ou non, ont les mêmes droits successoraux. Autrement dit, si un père a reconnu ses enfants nés hors mariage de son vivant, ceux-ci font juridiquement partie de la première catégorie d’héritiers, tout comme leurs frères et sœurs nés dans l’union légale.
Pas de distinction dans les droits, mais des différences dans la reconnaissance. L’enfant né hors mariage doit être formellement reconnu par le père ou la mère pour être affilié. Le nom porté dépend aussi de cette reconnaissance : le nom du père s’il est reconnu par lui, celui de la mère sinon. En l’absence de reconnaissance, l’enfant peut tenter de prouver sa filiation par la possession d’état c’est-à-dire s’il a toujours été traité comme un enfant du défunt, même sans lien officiel.
En principe, le droit béninois protège tous les enfants sans discrimination liée à leur statut de naissance. Une posture moderne qui entend réparer les injustices du passé. Cependant, dans la réalité, certains obstacles demeurent.
Des veuves réticentes, souvent traumatisées par la révélation d’enfants hors mariage au moment du décès de leur époux, s’opposent à la reconnaissance de ces enfants, surtout quand des biens sont en jeu. Un comportement humainement compréhensible, mais légalement inacceptable. Car la loi a tranché : un enfant reconnu ne peut être exclu de l’héritage.
Au fond, il ne s’agit pas de cautionner les fautes d’adultes mais de protéger les innocents. Les enfants, quel que soit le contexte de leur naissance, sont des citoyens à part entière, des forces vives de la nation. Les marginaliser, c’est porter atteinte à l’équité et à la justice.
L'État béninois a fait le choix de l'inclusion. Il appartient désormais aux familles, aux notaires, aux tribunaux et à la société tout entière d'appliquer la loi, pour que le deuil ne se transforme pas en combat d’injustice.
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