Pendant ces vacances scolaires, les marchés du Bénin sont envahis par une armée silencieuse : des enfants transformés en marchands ambulants, victimes des pires formes de travail. En dépit des lois et campagnes de sensibilisation, la réalité sur le terrain reste alarmante.
Ils ont à peine dix ans, parfois moins. Le dos courbé, la tête ploie sous le poids de bassines pleines d'oranges, de tomates, d'arachides ou d’autres produits à vendre. Ces enfants, visibles dans presque tous les marchés du Bénin de Tokpa à Cotonou, Ouando à Porto-Novo, Ahouangbo à Parakou ou encore à Natitingou sont devenus des figures familières des vacances scolaires. Une scène banalisée, mais pourtant illégale et profondément alarmante.
Sous le soleil brûlant ou les pluies battantes, souvent habillés de guenilles, ces enfants s’adonnent à une activité qu’ils n’ont jamais choisie. Poussés par des adultes parents ou tuteurs ou livrés à eux-mêmes, ils sont exposés à des formes graves de travail, interdites par les lois nationales et les conventions internationales.
La loi n°2015-08 portant code de l’enfant au Bénin est pourtant claire : tout travail susceptible de compromettre la santé, la sécurité ou la moralité d’un enfant est prohibé. À cela s’ajoutent la Convention n°138 de l’OIT sur l’âge minimum d’admission à l’emploi, la Convention n°182 sur les pires formes de travail des enfants, ainsi que le décret n°2011-029 qui fixe la liste des travaux dangereux interdits aux moins de 18 ans.
Le gouvernement béninois a même lancé plusieurs campagnes, dont « Tolérance zéro au travail des enfants », afin d’endiguer ce phénomène. Mais les résultats tardent à se faire sentir. Les marchés regorgent toujours d’enfants sacrifiant leur enfance, leur éducation et parfois leur santé au nom d’une survie économique immédiate.
Hors des marchés, le constat est tout aussi amer. Dans les quartiers, de maison en maison, de nombreux enfants vendent fruits, légumes ou autres denrées, le plus souvent sans aucune protection ni accompagnement. Ces petits vendeurs ont souvent quitté les bancs de l’école, ou ne les ont jamais connus. Un gâchis d’avenir à l’échelle nationale.
Et pourtant, l’État béninois tente de soulager les familles à travers la gratuité de l’école et diverses aides sociales. Malheureusement, certains parents persistent à exploiter leurs enfants, ignorant sciemment les lois conçues pour protéger ces derniers.
Face à cette situation, la responsabilité est collective. Les directions départementales du ministère du Travail, des Affaires sociales, la Police républicaine, mais aussi les mairies, doivent renforcer les contrôles, sensibiliser, sanctionner si nécessaire. Car comme le dit l’adage : tant qu’il reste à faire, rien n’est encore fait.
Il en va de la protection des enfants, de leur avenir et de l’image du Bénin dans le concert des nations respectueuses des droits humains.
Soyez le premier à commenter cet article