Face à l'inaction gouvernementale, les Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Lors d’une conférence de presse tenue ce 24 juillet 2025 à Cotonou, trois organisations syndicales ont exigé un reversement immédiat dans la fonction publique. À l’approche de la rentrée scolaire, la tension monte.
La colère gronde à nouveau dans le rang des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME). Ce mercredi 24 juillet 2025, la Bourse du Travail de Cotonou a servi de cadre à une conférence de presse conjointe organisée par trois plateformes représentatives : le Creuset National des AME (CNAME), la Plateforme Nationale de Défense et de Solidarité des AME du Secondaire (PNDSAS-SN) et « Aspirant Négocie Ta Cause » (ANTC). Ensemble, elles dénoncent ce qu’elles appellent « l’inaction prolongée » du gouvernement face à leur situation professionnelle précaire.
« En 2025, il est impensable que des enseignants soient encore considérés comme de simples prestataires sans avenir professionnel clair », s’est insurgé Rodoine Montanh, porte-parole du CNAME.
Depuis plus de six ans, ces enseignants contractuels travaillent sans statut stable, en dépit de la décision du Conseil des ministres du 7 décembre 2022, qui annonçait leur reversement progressif en Agents Contractuels de Droit Public de l’État (ACDPE). Une annonce restée lettre morte selon les syndicats.
Les représentants des AME accusent les autorités de multiplier les « manœuvres de diversion et de division », plutôt que de mettre en œuvre des solutions concrètes. Ils réclament un reversement immédiat et sans condition avant la rentrée scolaire 2025-2026, soulignant que cette mesure est indispensable non seulement pour la dignité des enseignants, mais aussi pour la qualité de l’enseignement au Bénin.
Des enseignants au bord du découragement
Le malaise est profond. Nombreux sont les aspirants qui approchent de l’âge de la retraite sans jamais avoir accédé à un statut sécurisé. À cela s’ajoutent des conditions de travail jugées intenables : salaires insuffisants, classes surchargées, manque de reconnaissance, et absence de perspectives claires.
Ces réalités alimentent régulièrement grèves et mouvements de protestation dans le secteur éducatif. Le métier d’enseignant, pourtant fondamental, semble de moins en moins attractif au Bénin, notamment à cause de cette précarité persistante.
Des engagements non concrétisés
Pourtant, le gouvernement béninois ne reste pas totalement inactif. Des initiatives comme le Programme Spécial de Pré-Insertion dans l’Enseignement (PSPIE) ont été lancées pour pallier la pénurie d’enseignants. Mais selon les plateformes syndicales, cela ne suffit pas. Elles exigent des actions concrètes, à commencer par la publication d’un décret d’application clair pour encadrer le reversement.
En effet, les principaux blocages résident dans les modalités d’évaluation-diagnostic, les critères d’éligibilité à la fonction publique, ainsi que dans les aspects financiers liés aux salaires et charges sociales que l’État devra désormais supporter. À ce jour, aucun texte officiel ne vient encadrer le processus, alimentant frustrations et incertitudes.
Une rentrée sous tension ?
En l’absence d’un signal fort du gouvernement, les leaders des trois organisations n’excluent pas de durcir le ton dans les prochains jours. À quelques semaines de la rentrée scolaire, le climat dans le secteur éducatif devient de plus en plus électrique.
Le compte à rebours est lancé. Le sort de milliers d’enseignants contractuels pourrait bien impacter l’ensemble du système éducatif béninois si des solutions pérennes ne sont pas trouvées à temps.
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