Dans les villes comme dans les campagnes, un constat s’impose : la pauvreté n’a jamais été aussi visible, aussi criante. Elle se manifeste dans les rues, les maisons, les écoles, les marchés, les services publics, à travers des scènes de mendicité, de privation, de détresse humaine. La misère, dans ses formes les plus insidieuses, ronge silencieusement la dignité de nos concitoyens et interpelle sur la profondeur du mal social qui gangrène notre société.
Il est aujourd’hui fréquent de croiser des individus, parfois bien vêtus mais rongés par la faim, tendant la main pour obtenir ne serait-ce qu’un peu de quoi subsister. L’acte n’étonne plus. Il devient banal, presque normalisé. La quête d’un simple repas quotidien relève désormais du défi. Trois repas par jour ? Un luxe que de nombreuses familles ne peuvent plus se permettre. On se contente d’un repas parfois de rien en espérant que le lendemain sera plus clément. Hélas, l’espoir est souvent un luxe de plus.
Dans les foyers, la situation est alarmante. L'indécence matérielle s’est invitée dans les habitudes. Le manque, la faim, la précarité s'installent durablement, et le silence des souffrants en dit long sur leur résignation. Cette souffrance sociale se lit sur les visages, dans les regards fuyants, dans les postures courbées, dans les voix éteintes. Le quotidien est devenu un champ de bataille où chacun tente, comme il peut, d’échapper au naufrage.
Et pourtant, notre pays est en pleine mutation. La République du Bénin, engagée dans de profondes réformes structurelles sous l’impulsion du Président Patrice Talon, a su se hisser sur la scène internationale avec des résultats macroéconomiques salués. Routes, infrastructures, digitalisation, gouvernance assainie... Les avancées sont notables. Mais à côté de ces réussites, une question persiste : à qui profite réellement le progrès ?
Il est temps, grand temps, que les réformes touchent aussi le cœur battant de la nation : l’humain. Le développement ne saurait se mesurer uniquement à la beauté des routes ou à la modernité des institutions. Il se jauge aussi et surtout à la capacité d’un État à garantir à chacun de ses enfants le droit de vivre dignement, de manger à sa faim, de se soigner, de s’éduquer et d’espérer.
Le tissu social est aujourd’hui en lambeaux. La fracture entre les couches sociales s’élargit, menaçant l’équilibre fragile de notre vivre-ensemble. Si rien n’est fait pour inverser cette tendance, le pays court le risque d’un délitement social aux conséquences imprévisibles.
Le Président Talon, artisan de grandes transformations, gagnerait à accorder une attention encore plus soutenue à la dimension sociale du développement. L’investissement dans le capital humain, dans les politiques de lutte contre la pauvreté, dans la justice sociale, serait le meilleur gage d’un Bénin véritablement fort et uni.
Car en fin de compte, c’est toute la nation qui y gagnerait.
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