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Vente de bouillie et de beignets chauds dans les rues de Cotonou

Un véritable problème de santé publique se profile à l’horizon

Un véritable problème de santé publique se profile à l’horizon

Autrefois confinées aux abords fixes des quartiers populaires de Cotonou, les vendeuses de bouillie, de beignets au mil ou à l’haricot, de moyo ou de riz abobo faisaient partie du décor quotidien. Ces mets locaux, servis chauds et bon marché, répondaient à une demande urbaine croissante en repas rapides. Mais aujourd’hui, le visage de cette pratique a changé, bouleversé par les chantiers de modernisation et d’aménagement des rues dans la capitale économique du Bénin.

Avec la réfection des voies, les points de vente traditionnels disparaissent. L’offre alimentaire s’adapte, mais pas toujours dans le bon sens. Désormais, ce sont ces mets populaires eux-mêmes qui vont à la rencontre des consommateurs : transportés dans des bassines, emballés encore chauds dans des sachets plastiques souvent de basse qualité, ces aliments sont écoulés à la criée dans les ruelles, carrefours et marchés improvisés de Cotonou.

Cette nouvelle dynamique, en apparence ingénieuse, dissimule pourtant un danger sanitaire majeur. En effet, les sachets plastiques utilisés parfois récupérés, non alimentaires, voire issus de déchets industriels réagissent au contact de la chaleur. Sous l'effet de la température des aliments, des composés toxiques se libèrent et se mélangent aux bouillies et beignets, exposant les consommateurs à des substances cancérigènes. Un risque grave, trop souvent ignoré ou minimisé.

Pire encore, ces vendeuses ambulantes souvent sans formation en hygiène alimentaire deviennent, sans le vouloir, des vecteurs de contamination. L’absence de contrôle sanitaire, la manipulation à mains nues, l’exposition prolongée à la poussière et aux gaz d’échappement, ajoutent au cocktail de risques que courent les consommateurs.

La situation est d’autant plus préoccupante que ces produits restent accessibles à tous : vendus à 100 francs CFA, ils s’achètent d’un simple geste au détour d’une rue, dans l’indifférence quasi générale. Le consommateur, attiré par le prix et la rapidité, néglige souvent les conditions de préparation et d’emballage.

Certes, on ne saurait ignorer la résilience et la créativité économique de ces vendeuses, souvent seules à faire vivre leur foyer. Mais face au danger grandissant pour la santé publique, il devient urgent d’encadrer cette activité. Les autorités sanitaires doivent renforcer les contrôles, sensibiliser à l’utilisation d’emballages alimentaires sûrs, et promouvoir des alternatives viables et saines. Il en va de la santé de milliers de citoyens.

Enfin, il est regrettable de constater que certains consommateurs, complices inconscients ou intéressés, protègent ces circuits informels au détriment de leur propre sécurité. Or, seule une action collective, coordonnée entre autorités, vendeurs et consommateurs, permettra de transformer durablement cette économie de survie en un véritable secteur alimentaire urbain respectueux des normes d’hygiène.

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