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Insécurité routière / Transport urbain

Tokpa-Tokpa : des minibus devenus cercueils ambulants

Tokpa-Tokpa : des minibus devenus cercueils ambulants

À bord des célèbres Tokpa-Tokpa qui sillonnent nos routes, la mort rode à chaque virage. Ces minibus, mal entretenus, souvent surchargés et conduits par des chauffeurs peu qualifiés, continuent de semer désolation et drames, sans réelle riposte des autorités.

Une conduite hasardeuse qui menace la vie

Les gares routières du Bénin, en particulier à Cotonou et Porto-Novo, sont quotidiennement envahies par les minibus communément appelés Tokpa-Tokpa. Ces véhicules de transport en commun, ainsi nommés en raison de leur passage régulier par le marché Dantokpa, sont devenus au fil des années synonymes de danger public.

Au volant, de jeunes conducteurs, pour la plupart sans formation solide ni permis adéquat, défient les règles élémentaires du code de la route : freinages brusques, dépassements à l’aveugle, virages sans signalisation, surcharge manifeste, et parfois même conduite sous l’emprise de stupéfiants. Le tout, dans une indifférence quasi totale.

Des minibus vétustes et peu entretenus

Les Tokpa-Tokpa sont souvent dans un état mécanique déplorable. Amortisseurs défectueux, systèmes d’éclairage hors service, pneus usés jusqu’à la corde… Rien n’est épargné. En cas d’accident, il est courant d’apprendre que ces véhicules ne sont ni assurés ni régulièrement contrôlés. Pourtant, chaque jour, ils transportent des dizaines de passagers à travers les principales artères urbaines et interurbaines du pays.

Le Centre National de Sécurité Routière (CNSR), malgré ses efforts, peine à mettre un terme à cette impunité. Certains chauffeurs passent entre les mailles des contrôles ou bénéficient de complicités en haut lieu.

Une série noire d’accidents évitables

Les drames se succèdent à un rythme inquiétant. Le 24 février 2025, au carrefour La Vie à Cotonou, un Tokpa-Tokpa en provenance d’Agontikon percute une moto de patrouille stationnée : moto broyée, portière arrachée.

Le 7 décembre 2023, un autre accident à Ouando (Porto-Novo) fait huit blessés, dont deux nourrissons. Le conducteur, ayant perdu le contrôle, percute deux voitures avant de renverser deux motocyclistes.

Plus tragique encore, l’accident du 17 mai 2023 au carrefour Sèmè-Podji : en voulant dépasser trois camions à vive allure, un minibus entre en collision avec un véhicule en sens inverse. Bilan : plusieurs morts et blessés graves. Le Tokpa-Tokpa, lui, totalement détruit.

Des propriétaires puissants et intouchables ?

Pourquoi rien ne change malgré la gravité de la situation ? Beaucoup de ces véhicules appartiendraient à des figures influentes de la République. D’où l’inaction face à un système qui tue à petit feu. Tant que ces minibus continueront de circuler sans régulation stricte, les routes béninoises resteront des pièges mortels pour les usagers.

En somme

Le phénomène Tokpa-Tokpa, jadis solution pratique de transport collectif, est aujourd’hui un symbole d’anarchie routière. Il est temps pour les autorités de briser le silence, d’imposer des règles strictes et de sauver des vies. Les usagers, eux, n’en peuvent plus d’être les otages d’un système où la mort est devenue un passager fréquent.

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