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Rupture politique ou retour en arrière ?

Les vieux partis politiques veulent renaître de leurs cendres

Les vieux partis politiques veulent renaître de leurs cendres

À l’approche de 2026, les anciens logos refont surface et inquiètent les partisans de la réforme du système partisan.

À quelques mois des élections générales de 2026, un vent de nostalgie souffle sur la scène politique béninoise. Malgré la réforme du système partisan instaurée pour clarifier et moderniser l’espace politique, des velléités de résurrection des anciennes formations naguère dissoutes, comme le PRD et la RB, émergent à nouveau. Entre ambitions personnelles, frustrations historiques et espoirs de revanche, l’échiquier politique se trouble à l’horizon post-Talon.

Une réforme pourtant censée tourner la page

Depuis la promulgation de la loi n°2018-23 portant charte des partis politiques, modifiée par la loi n°2019-41, le Bénin semblait avoir définitivement tourné le dos au foisonnement anarchique des micro-partis. Trois grandes formations dominent désormais le paysage : l’Union Progressiste Le Renouveau (UP-R), le Bloc Républicain (BR), et Les Démocrates (LD).

Cette rationalisation visait à mettre fin à la cacophonie électorale des décennies précédentes, où le multipartisme intégral favorisait l’instabilité et les alliances de circonstance.

Les fantômes du passé se réveillent

Pourtant, dans l’ombre, d’anciens acteurs politiques manœuvrent. Le premier signal d’alarme est venu des partisans de l’ex-Parti du Renouveau Démocratique (PRD), qui ont récemment ressorti les couleurs et symboles de ce parti pourtant dissous. Une tentative stoppée net par une note du ministère de l’Intérieur datée du 26 mai 2025, rappelant que le PRD n’a plus d’existence légale.

Mais cette mise au point n’a pas calmé les ardeurs. En réponse, Me Adrien Houngbédji, figure emblématique du PRD, a adressé un courrier le 2 juin, dénonçant cette interdiction et défendant la légitimité d’un retour du parti.

La Cour constitutionnelle tranche

Face à la montée des tensions, la Cour constitutionnelle a été contrainte de sortir de sa réserve. Dans une décision saluée pour sa clarté, elle a rappelé les principes de la réforme du système partisan, mettant fin du moins officiellement aux prétentions de résurrection du PRD. Beaucoup y ont vu une clarification bienvenue, mais d’autres y ont perçu un simple épisode dans une série à rebondissements.

Ganiou Soglo, le retour du fils rebelle

Dans la foulée, un autre acteur a refait surface : Ganiou Soglo, ancien député et fils de l’ex-président Nicéphore Soglo. Dans une interview remarquée, il a exprimé sa volonté de ressusciter la Renaissance du Bénin (RB), absorbée elle aussi dans l’Union Progressiste-Le Renouveau.

Ganiou affirme qu’il s’est engagé auprès de sa défunte mère, Rosine Soglo, à faire revivre la RB. Il dénonce une forme de récupération politique des réalisations gouvernementales par son père, qu’il considère comme une manipulation médiatique.

Vers un retour à l’instabilité ?

Ces résurgences d’anciens partis traduisent un malaise plus profond : la précarité de la stabilité politique au Bénin. L’histoire récente de 1991 à nos jours montre que le système politique béninois est loin d’être figé. À chaque transition présidentielle, les équilibres sont remis en cause. Le départ annoncé de Patrice Talon après 2026 pourrait rouvrir la boîte de Pandore.

Alors, s’agit-il de simples gesticulations nostalgiques ou du prélude à une recomposition politique ? L’avenir proche le dira. Mais une chose est sûre : tant que les mentalités ne changent pas durablement, les réformes resteront fragiles.

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