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Réforme sur la décentralisation au Bénin

Et si le gouvernement ouvrait enfin la porte à une relecture de la loi ?

Et si le gouvernement ouvrait enfin la porte à une relecture de la loi ?

Depuis l’adoption des réformes liées à la décentralisation au Bénin, notamment la loi N°2021-14 portant code de l’administration territoriale, le paysage politique et administratif local a profondément changé. L’objectif affiché était clair : renforcer la gouvernance locale, améliorer la qualité des services publics et assurer une meilleure coordination entre les communes et l’État central. Mais trois ans plus tard, le bilan est contrasté. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Et si le gouvernement ouvrait enfin la porte à une relecture de la loi ?

Des avancées… sur le papier

La réforme a permis une professionnalisation de la gestion des communes, avec l’introduction de nouveaux critères de compétence pour les maires, l’instauration d’un contrôle accru de l’État, et une rationalisation des ressources humaines locales. Sur le papier, cela devait garantir une meilleure efficacité administrative.

Une recentralisation déguisée ?

Dans les faits, plusieurs acteurs dénoncent une recentralisation du pouvoir, qui affaiblit l’autonomie des communes. Les préfets, devenus véritables superviseurs, ont désormais un pouvoir élargi sur les décisions des conseils communaux. Les maires, quant à eux, se sentent souvent dépossédés de leurs prérogatives.

De nombreux élus locaux affirment que les nouvelles dispositions les empêchent de répondre rapidement et efficacement aux besoins des populations. Certains parlent même d’une mise sous tutelle politique des communes, nuisant à l’esprit même de la décentralisation.

L’exclusion des compétences locales

Un autre effet pervers de la réforme a été l’éviction, dans plusieurs communes, de cadres expérimentés au profit de personnes choisies selon des critères politiques. Le recrutement des Secrétaires exécutifs communaux, bien qu’encadré, a été perçu par plusieurs observateurs comme opaque et centralisé, ce qui a sapé la confiance dans le processus.

Et si on relisait la loi ?

Face à ces dysfonctionnements, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à une relecture de la loi sur la décentralisation. Il ne s’agit pas de renier l’importance des réformes, mais de reconnaître que certaines dispositions doivent être ajustées pour mieux répondre aux réalités locales.

Une démarche inclusive, associant les élus locaux, les experts en gouvernance territoriale, la société civile et les citoyens, serait une étape salutaire pour redonner à la décentralisation son sens premier : rapprocher l’administration des administrés.

Un test pour la maturité démocratique

Le gouvernement béninois gagnerait à faire preuve d’écoute et de souplesse. Admettre que des ajustements sont nécessaires ne serait pas un aveu d’échec, mais un signe de maturité et d’engagement en faveur d’une gouvernance participative. Après tout, les lois ne sont pas figées : elles évoluent avec le temps, les contextes et les aspirations des peuples.

La décentralisation n’est pas une fin en soi, mais un moyen. Encore faut-il qu’il fonctionne au service du développement local.

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