Dans les rues animées de Porto-Novo et d’ailleurs, un étrange ballet se déroule sous les yeux des passants. Des hommes, parfois munis de hauts-parleurs ou de cassettes audio pré-enregistrées, sillonnent les quartiers, invitant les populations à leur céder leurs vieux téléphones portables – à touches ou smartphones – même hors d’usage.
En échange ? De simples produits de consommation courante : du savon en poudre, communément appelé "Omo", ou encore des sachets de coquillettes "ndomi". Ce troc, en apparence anodin, cache une réalité économique insoupçonnée : les composants internes de ces appareils jugés obsolètes renferment encore des métaux rares et des circuits prisés par certaines industries, notamment en Chine.
À première vue, il s’agit d’un commerce informel. Mais à y regarder de plus près, c’est une véritable filière de récupération et de transformation qui se dessine, portée par des entrepreneurs locaux ingénieux, bien conscients du potentiel caché de ces déchets électroniques.
Les vieux téléphones deviennent ainsi une richesse ignorée, une ressource inattendue que certains ont su transformer en opportunité économique.
Le philosophe et chimiste Antoine Lavoisier l’avait affirmé : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme." Cette maxime prend tout son sens ici. Dans l’économie informelle béninoise, chaque objet peut retrouver une seconde vie. Et les vieux téléphones, autrefois relégués au fond des tiroirs, prennent désormais le chemin de circuits plus lucratifs, devenant les maillons d’un commerce à la fois local et global.
À Porto-Novo comme dans bien d'autres villes du Bénin, ces scènes de troc illustrent à la fois une créativité populaire et les débuts d’une économie circulaire enracinée dans le quotidien. Et si la véritable richesse de demain résidait justement dans ce que nous avons trop longtemps considéré comme inutile ?
Par Youssouf M. AVOCEGAMOU
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